l'âge idéal pour se marier

L’âge idéal pour se marier : Mythe ou réalité ?

S’il est un dossier sur lequel j’ai eu du mal à formuler une opinion, c’est celui de la législation sur le mariage. La première question à laquelle il fallait répondre était celle de l’âge nubile. La précédente législation le fixait à 15 ans pour la fille et à 18 ans pour le garçon.

J’avoue que j’étais troublée, car il fallait répondre à deux énigmes. Fallait-il fixer un âge nubile, unique, pour les filles et les garçons ou fallait-il faire une différence entre la fille et le garçon. La réponse n’était pas simple. Il était question de comprendre ce qui était, en réalité, recherché.

Je fis un tour dans ma propre expérience. D’abord celle de la génération de ma mère et avant elle, ma grand-mère.

Ma grand-mère s’est mariée à environ 12 ou 13 ans. Mon grand-père était âgé d’approximativement 40 ans.

En fait, le choix de son mari avait été dicté par la proximité. C’était plus simple pour mon arrière-grand-mère qui était une étrangère dans le village, une étrangère ostracisée pour son origine. Ma grand-mère était l’unique fille de ses quatre enfants. Être fille, à cette époque, dans ce contexte d’économie foncièrement rurale, n’était pas un fait anodin. Elle avait souhaité que sa fille demeure à ses côtés. Elle n’était en effet pas allée très loin. Le voisin pourrait être un bon pari, ce qui fut fait.

Ma mère s’était mariée à 16 ans, ses deux sœurs à 15 ans. Elles avaient à peine passé le diplôme certificat de l’enseignement primaire. C’est dire qu’elles savaient tout juste lire et écrire.

Moi, je me suis mariée un peu plus tardivement, à l’âge de 31 ans. J’étais diplômée de l’enseignement supérieur, j’avais un emploi, des ressources financières, une maison. J’avais deux enfants, âgés respectivement de 5 et 2 ans.

Mes deux sœurs elles, ont toutes une situation financière stable, elles ont des enfants, elles ne sont pas mariées.

Cela fait-il une différence entre la génération de nos mères et la nôtre ? 
Laquelle des deux générations parait accomplie ?

La réponse à cette question n’est pas simple, car l’accomplissement dépend des aspirations.

Dans la génération de nos mères, il était acceptable que la femme eut un rôle essentiellement domestique, avec une fonction d’épouse et de mère.  De ce point de vue, leur mission a été accomplie.

L’a-t-elle été sans difficultés ? Nul ne saurait le dire.

Mais j’ai vu ma mère et ses sœurs, à un moment donné de leur vie, se battre pour travailler à l’extérieur. Les ressources ramenées par les pères fondaient comme neige au soleil. La crise économique et ses contraintes étaient passées par là. De plus, je les ai vu, dans leur relation avec nos pères, être parfois en position de latence et d’attente, pour certaines décisions qu’elles devaient prendre pour elles-mêmes et pour nous les enfants.

Notre génération attend plus de la femme. En plus d’être épouse et mère, elle doit apporter plus à la construction de la famille et de la société, son savoir, ses compétences, ses ressources matérielles aussi.

J’ai aussi fait le point de mes pérégrinations dans divers pays du continent. La question est abordée avec beaucoup de tempérance dans certains pays, elle est suffisamment contentieuse dans d’autres.

Entrent en ligne de compte, les aspirations culturelles et religieuses dominant dans ces pays, mais aussi la vision économique qui y est portée et développée. La question est passionnée. Assurément.

Certains pays fixent un âge nubile, d’autres pas.

Certains le fixent à 18 ans en principe, mais prévoient des dérogations qui vident le principe de sa substance.

D’autres adaptent l’âge à la maturité de l’enfant. Ils prévoient un âge différent pour le garçon et la fille, 14, 15 ou 16 ans pour les filles, 18 pour les garçons.

D’autres encore le fixent à 21 ans, avec une condition supplémentaire pour les personnes sollicitant le mariage entre 18 et 21 ans, le consentement et l’accompagnement des parents.

Je regardais l’expérience de plusieurs pays, même hors du continent. J’avoue que j’apprenais des choses. Le mariage d’enfants prévalait dans différents pays, développés et sous-développés. Je me rendais compte que les feux des projecteurs qui sont souvent braqués sur certains pays, cachaient une réalité bien plus triste dans d’autres.

Tenez par exemple, plus 300 000 mariages d’enfants célébrés aux États-Unis entre 2000 et 2018. Je notais également que 40 des 50 États de ce pays, permettaient la pratique et que 5 États, n’avaient pas de limite d’âge pour accéder au mariage. Je réalisais que ce phénomène touchait en grande partie les filles, 80 %. La plus jeune d’entre elle avait 10 ans !!!! Ces unions mettaient généralement aux prises ces mineures à des époux adultes.

J’étais bouleversée. Comment des pays, que l’on considérait comme avancés, pouvaient-ils, sur le plan social, avoir des pratiques que l’on pouvait qualifier d’un autre temps ?

J’y réfléchissais. À vrai dire, la condition de la femme, a un sous bassement identique, dans les diverses sociétés, même si la réalité est exprimée différemment en fonction des contextes.

L’on ne peut ignorer les dynamiques de pouvoir qui animent la relation homme/femme. C’est là l’un des enjeux de la définition de l’âge du mariage.

En plus de cette dynamique, deux autres éléments contribuent à asseoir une relation équilibrée. Il s’agit de la capacité d’action et de décision, mais aussi l’absence de vulnérabilité.

Il faut définir un âge à partir duquel la personne a du pouvoir sur sa propre vie et un pouvoir de négociation certain avec lequel, elle entre en relation. Quelques éléments de ce pouvoir peuvent être énoncés :

  • la maturité qui n’est pas que seulement physique, elle est aussi psychologique.

Elle permet à une personne de donner une orientation à sa propre vie et à ne pas vivre par procuration ;

  • Une connaissance de soi, de sa valeur fondée sur une confiance en soi qui permet de faire ses choix et d’en assumer les conséquences ;
  • Une assise économique ou un potentiel certain dans ce domaine qui permet une transformation du réel, c’est incontournable.
  • La capacité financière est également un déterminant essentiel de la construction des relations interpersonnelles. Sans argent, parfois, nos aspirations demeurent des vœux pieux ;
  • Une capacité d’influence et d’action qui vous donne une voix qui compte et qui peut permettre de changer les choses, mais qui vous trace aussi un chemin, une voie.
  • L’absence de vulnérabilité est fondamentale.

Lorsque l’un des partenaires est à la merci de l’autre, pour quelque raison que ce soit, celui-ci tient le pouvoir.

Tout homme qui a du pouvoir étant porté à en abuser, il peut exercer de la domination et subjuguer l’autre. Dans ce cas, il n’y a pas deux personnes dans la relation qui travaillent à une unité, il y a une qui phagocyte l’autre et existe seul.

La personne subjuguée se trouve prise dans une relation transactionnelle où la peur de perdre les privilèges acquis par le mariage peut la contraindre à demeurer même dans une relation toxique et accepter toutes les compromissions.

À quel âge une personne peut-elle rassembler ces éléments essentiels ?

Je regarde mes enfants aujourd’hui ? Qu’est-ce que je vois ?

Le garçon à 18 ans est encore embué dans les nuages de l’adolescence.

La fille semble un peu plus posée, mais elle cherche ses marques. À 21 ans, elle est encore en pleine construction, en pleine formation. Elle a des ambitions et des rêves.

Donc 15, 16, 18, 21 ans ou plus ? L’âge n’est pas qu’un chiffre. C’est une donnée qui dit ce qu’est la société à un moment donné. Une donnée qui porte un message sur la vision que la société se donne, sur la façon dont elle se projette dans l’avenir, mais aussi sur le lieu d’où elle vient.

Fixer un âge, c’est viser le meilleur tout en accommodant la moyenne.

Comment donc réaliser cette conjonction ?

La difficulté réside là. Les textes définissent l’enfant comme une personne âgée de moins de 18 ans. C’est un âge qui n’épuise pas les débats de fond sur la perception des qualités et caractéristiques de la personne adulte. Ces qualités et caractéristiques dépendent des aspirations de la société forment pour les personnes.

18 ans, oui, mais… Cet âge semble le strict minimum pour les aspirations que la société d’aujourd’hui a pour ses enfants, mais sérieusement, à cet âge, la personne est encore en pleine construction. 

Je ne pencherais pas pour cet âge. 21 ans ? peut-être.

C’est l’âge auquel une personne qui a eu un parcours type a au moins achevé la première partie des études tertiaires.  À mon corps défendant que je pencherais pour cet âge.

Voyez-vous, je veux le meilleur pour mes enfants et les autres enfants de notre société.  Mais franchement, un peu plus. Ne pensez-vous pas ?

À quel âge vous êtes-vous marié ?

De votre expérience, que conseilleriez-vous à un jeune ?

S’il vous était donné de décider, quel âge fixeriez-vous pour l’accès au mariage ? Pourquoi ?

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