Du 2 au 5 avril 2024, j’ai conduit une mission au Ghana dans le cadre de l’évaluation des politiques publiques en matière d’accès des filles à l’école.
J’ai eu des discussions avec différents acteurs, gouvernementaux au niveau ministériel et régional, des acteurs politiques, membres du parlement, des acteurs de l’éducation, écoles privées, mais aussi écoles privées, et des représentants de l’autorité traditionnelle.
L’Union africaine célèbre en 2024, l’année de l’éducation sur le Thème : Educate an African fit for the 21st century. Au moment où le thème choisi pour la journée de l’enfant africain est : Education pour tous les enfants d’Afrique : l’heure est venue, il était important de faire le point sur les barrières visibles et invisibles qui entravent l’accès à l’éducation de certaines franges de la population, particulièrement les filles.
La mission a permis de découvrir que les pesanteurs traditionnelles pèsent encore fortement sur l’accès des filles dans des localités avec notamment la multiplicité des normes discriminatoires. Au rang de celles-ci figurent, le mariage d’enfants, le trokosi (il s’agit de la consécration des enfants à des divinités), ou encore l’interdiction pour les filles de traverser des rivières certains jours de la semaine et au moment de leurs menstrues pour ne pas souiller les eaux.
En raison de cette dernière pratique, des centaines de filles, perdent des opportunités. Elles ne peuvent se rendre à l’école 10 jours par mois, soit trois à cinq jours pour leurs règles et à peu près cinq autres jours interdits. Dans le même temps, il n’y a pas de politique officielle d’adaptation des méthodes d’enseignement à ces pratiques localisées. Ces filles n’étant pas les seules membres de leur fratrie, l’impact sur la communauté est grand. Parfois, elles sont amenées à conduire à l’école leurs cadets, qui deviennent, eux aussi, les victimes indirectes de cette situation.
La situation du Ghana n’est pas singulière. En divers endroits du continent, une multitude d’enfants n’a pas accès à l’école pour une raison ou pour une autre. Pour certains, c’est leur situation de handicap qui est en cause, pour d’autres c’est le dénuement économique de leurs parents qui justifie la situation, pour d’autres encore ce sont tout simplement les croyances sociales qui les privent d’un accès égal aux opportunités éducatives.
Au moment où nous nous apprêtons à célébrer la journée de l’enfant africain le 16 juin, journée dédiée aux enfants africains en souvenir de la lutte de leurs homologues sud-africain contre la mauvaise qualité de l’éducation, et en particulier les incidents meurtriers de SOWETO en 1976, veillons, chacun, en sa position et en ses qualités à travailler pour une éducation de qualité pour tous.
C’est l’une des conditions essentielles pour l’émergence de l’Afrique, j’en suis profondément convaincue.